dimanche 2 septembre 2012




 

L’atelier d’expression picturale de l’EPDA du Glandier
est heureux de vous inviter
à la présentation de ses travaux
Vendredi 14 septembre 2012 de 17h à 19h
à l’église Saint-Pierre à Tulle


Exposition organisée avec l’association Entropie et compagnie, Peuple et Culture Corrèze,
la Ville de Tulle, la Cour des Arts
et le concours du Conseil général de la Corrèze, de la CPAM et de l’AG2R La Mondiale.

Eglise Saint-Pierre, Pont des Carmes
du mardi au samedi de 14h à 19h
et mercredi et samedi de 10h à 12h
La Cour des Arts, 2 rue des Portes Chanac
du mardi au samedi de 10h à 18h

 


L'exposition qui se tiendra à Tulle durant le mois de septembre 2012 regroupe pour la première fois plus de 150 oeuvres sur papier et sur toile de l'atelier d'expression picturale de l'Etablissement Public Départemental Autonome du Glandier*.
La ville de Tulle, l'association entropie et compagnie, Peuple et Culture Corrèze, la Cour des Arts et le Conseil Général de la Corrèze * ont souhaité s'associer à la direction de l'EPDA du Glandier pour faire découvrir au plus grand nombre la remarquable qualité de ces travaux.
Une partie de l'exposition sera consacrée au travail de Dominique Bertoliatti, qui séjourna au Glandier durant les dernières années de sa vie tout en ayant une production artistique personnelle autonome et antérieure à sa fréquentation de l'établissement (une partie de ses oeuvres graphiques a été déposée au musée d'art brut de Lausanne par sa famille).
Un concert du groupe Yakatapé (formation de l'atelier de musique de l'établissement - percussions/accordéon) aura lieu aux abords de l'église durant le vernissage le vendredi 14 septembre à 17h.
 *l'EPDA du Glandier regroupe un foyer d'accueil occupationnel (95 résidents), un foyer d'hébergement (32 résidents), un service d'aide par le travail (43 place) une maison d'accueil spécialisée (31 résidents) sur la commune d'Arnac-Pompadour en Corrèze. L'essentiel de l'activité de l'établissement est située dans l'enceinte de l'ancienne chartreuse du Glandier classée aux Monuments Historiques.
* cet évènement reçoit également le soutien financier de la CPAM et de l’AG2R La Mondiale pour la réalisation du projet vidéo mis en œuvre pour l’occasion.

contacts :

article paru dans le numéro 80 de septembre 2012 du journal de Peuple et Culture Corrèze :

Le Glandier, c’est d’abord un lieu : une chartreuse édifiée en 1219 nichée dans son écrin de verdure, c’est à dire perdue - cachée - au fond d’un vallon corrézien. Un somptueux vaisseau de pierre, conçu pour une vie en totale autarcie dont on trouve encore les traces un peu partout : inscriptions peintes sur les bâtiments techniques évoquant leur ancien usage, écluse sur la rivière, chapelles, et même, évidemment bien postérieur à la fonction religieuse du lieu, un minigolf aménagé le long du mur d’enceinte.
L’accès se fait par trois routes qui convergent vers le parking de l’établissement après une sinueuse et longue descente à travers bois.
Acheté en 1920 par la Préfecture de la Seine, le bâtiment accueille des tuberculeux jusque dans les années 60. Il est converti en centre psychothérapique pour enfants en 1965 par le Département de Paris qui en conserve la gestion.
En 1970, l’établissement compte 204 lits. Dans les années 80, se pose la question du sort à réserver aux enfants qui ont grandi dans ce lieu : faut-il les mettre dehors et accueillir d’autres enfants ou faut-il adapter la structure pour permettre à ces jeunes de rester vivre là ensemble ? C’est la seconde option qui sera choisie. La majorité des résidents actuels vivent ainsi au Glandier depuis leur enfance. Aujourd’hui l’EPDA (Etablissement Public Départemental Autonome) regroupe un foyer de vie occupationnel, un foyer d’hébergement, un service d’aide par le travail et une maison d’accueil spécialisée.
Malgré les aménagements successifs, l’architecture reste d’un autre âge : protégé par un mur d’enceinte décrépi, l’ensemble est dominé par les flèches des chapelles et par le son de l’horloge qui rythme un temps qui semble immuable. Des galeries et des escaliers monumentaux abrités sous des voûtes d’ogives, des cours et jardins sur plusieurs niveaux intercalés entre les différents corps de bâtiments, des couloirs, des portes partout reliant tous ces espaces de vie et de travail : un véritable labyrinthe à niveaux multiples. Contre un des flancs du bâtiment principal, une dizaine de petits pavillons bordent une immense cour plantée de tilleuls : des logements pour les résidents se trouvent à l’étage, des salles d’activités au rez-de-chaussée. C’est dans un de ces pavillons que se situe l’atelier d’expression picturale.

L’histoire a commencé en 2006 par la rencontre de deux salariés animant chacun de leur côté des ateliers d’expression artistique : Marie-Christine Favart et Charles Naras. En échangeant sur leurs pratiques et leurs motivations, ils ont eu envie d’unir leurs forces pour développer leur travail. Leur but commun : créer un lieu dédié à l’expression artistique qui puisse être mis à la disposition des résidents. Un «espace ressource», un «lieu des possibles», qui permette le développement personnel des individus qui le fréquentent, qui soit ouvert à la créativité, à la rencontre, à la libre expression, au respect et à la confiance mutuelle. Un lieu en «libre accès» qui soit également un espace de rencontre entre les différents services. Une aventure collective que chacun puisse s’approprier à sa façon.
Un lieu stimulant et accueillant en somme... un atelier.

Marie-Christine Favart : « En 2007, l’atelier d’expression picturale a son lieu, encadré par Charles et moi-même et ouvert 4 jours par semaine. Ce travail en équipe nous a permis de faire évoluer ce lieu d’expression grâce à des moments de réflexions et d’échanges approfondis sur le pourquoi, pour qui, comment…»

Accompagnés de quelques résidents, ils ont commencé ensemble par s’approprier l’espace et, pour conjurer la contrainte de «ne pas salir» et ne pas «détériorer» les locaux collectifs, ont commencé par peindre directement sur les murs et les voûtes des deux salles signifiant ainsi d’emblée le statut de cet espace : un espace de liberté.
Les deux salles se sont remplies de motifs bariolés, de meubles, de matériel et de résidents en blouses de travail et sont devenues l’atelier d’expression picturale.

43 résidents fréquentent l’atelier, une trentaine d’entre eux ont un travail régulier voire assidu, chacun ayant la possibilité, dans la mesure de la place disponible et de son emploi du temps, de venir autant qu’il le souhaite. L’objectif éducatif qui régit l’atelier est de donner à ses membres une conscience de leurs possibilités et de leur valeur, de les conduire à se sentir en pleine possession de leur moyens et libres et heureux de se développer par l’intermédiaire d’une production plastique.

« L’organisation de la vie au sein de la structure repose en priorité sur les besoins du corps mais pour autant il faut tendre à un équilibre avec les besoins de l’esprit. La fréquentation de l’atelier est une ouverture qui permet de reconnaître, nourrir et développer la personnalité de chacun.
Il faut du temps, de la patience, de l’attention, de l’expérience pour permettre à une personne handicapée mentale d’explorer, de développer ses connaissances, d’augmenter et améliorer son intérêt pour la création en respectant son rythme.
La recherche permanente des outils et des matériaux adaptés aux besoins de chacun est fondamentale, c’est ce qui va permettre le plaisir de la création et favoriser la confiance en soi et l’épanouissement. D’où l’intérêt d’échanger avec des intervenants ayant une expérience et une connaissance d’autres ateliers de peinture ou de dessin et de rencontrer d’autres pratiques qui développent aussi le sens créatif tel que le groupe de percussions du Glandier (Yakatapé) avec lequel nous avons déjà mis en commun nos capacités lors d’expositions ou de manifestations extérieures.
Certains objectifs sont identiques et se complètent tels que la créativité, l’action, l’attention, la concentration, l’autonomie, le rythme.»

L’atelier n’est pas en vase clos et permet une ouverture sur l’extérieur.
Charles et Marie-Christine s’accordent à dire que l’exposition des travaux fait partie intégrante du projet éducatif. C’est naturellement une façon de valoriser les oeuvres réalisées et leurs auteurs, de créer des liens avec un public d’amateurs de plus en plus nombreux.
Les tableaux sont tout d’abord accrochés un peu partout dans l’établissement : dans la grande galerie, le réfectoire, les salons des foyers de vie, les chambres des résidents mais aussi dans les bureaux des employés qui demandent à s’en faire prêter et même parfois s’en font offrir par leurs auteurs. Des expositions ponctuelles sont régulièrement organisées pour des manifestations locales ou plus lointaines. Récemment, une série de peintures a été réalisée à la demande de la gendarmerie de Lubersac pour décorer leurs nouveaux locaux. La mairie de Tulle disposera bientôt d’une toile collective qui pourrait venir orner la salle des mariages.

L’exposition qui est présentée à Tulle ce mois de septembre est née de la volonté de personnes extérieures à l’institution, artistes ou amateurs d’arts plastiques de donner à voir les productions de l’atelier dans des conditions d’exposition d’un niveau professionnel pour permettre d’en apprécier pleinement leur qualité.

Montrer les productions artistiques de personnes handicapées se réduit trop souvent à des conditions dérisoires et médiocres qui confortent la stigmatisation et la ségrégation, c’est pourquoi il est important que ces oeuvres puissent bénéficier d’un regard critique au même titre que n’importe quelle exposition artistique sans condescendance, ni étiquette hâtive.
Faut-il préciser que cette partie du travail n’est pas la plus facile à maîtriser ? Car reconnaître la qualité de ces oeuvres, c’est inévitablement faire surgir autour de l’atelier la question de leur valeur artistique, voire financière. Or le dispositif tel qu’il a été mis en place garantit aux membres de l’atelier une liberté et une tranquillité pour créer qui risqueraient d’être mises en péril si l’attente venant de l’extérieur devenait impérieuse. Trouver comment répondre à cette question est aussi le rôle des personnes qui portent l’atelier.

 « L’avenir des œuvres n’est pas encore structuré, mais leur nombre est important et l’inventaire est une première étape. Maintenant il s’agit de savoir qu’elles existent et de les préserver, c’est un travail auquel il va falloir s’atteler à partir de 2013.  Beaucoup de résidents n’ont aucune notion de la valeur marchande et la vente des œuvres n’est en aucun cas un des objectifs de l’atelier. Pour ma part, j’imagine pour l’avenir une articulation entre le mode de fonctionnement actuel et la création d’une artothèque qui permettrait de faire circuler ces œuvres à l’extérieur. »
 





«  Une porte ouverte au désir de s’exprimer et facile d’accès, voilà l’importance de cet espace : Si je m’exprime, j’ai envie d’être entendu, je suis là, j’existe, me voyez-vous, j’ai des choses à vous dire, je vis parmi vous, je veux partager avec vous, qu’en pensez-vous ?
Depuis plus de trente ans, je travaille ici, auprès de ces personnes dont beaucoup ne maîtrisent pas le langage verbal. N’ayant moi-même jamais été très « fortiche » en la matière, j’ai dû très vite trouver un autre mode d’expression. J’ai choisi celui qui m’était le plus naturel, l’expression graphique. Ce moyen de communication me permet de vivre aujourd’hui toute la richesse de l’expérience que nous partageons dans cet atelier. »
M.C Favart